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10 mots d’argot dont vous ignoriez l’origine

Vue du parcours de visite "L'aventure du français"

De l’argot parisien d’Arletty au verlan de Booba, le français populaire ne manque pas d’imagination, comme nous le rappellent ces quelques exemples…

Découvrez-les !

Blaze

Le mot blazedérivé de blason, désigne le nom d’une personne, ou plus généralement un signe distinctif qui permet de l’identifier. « Tu sais que les bavards bavent sur mon blaze », rappe Youssoupha dans « Éternel recommencement ».

Ce terme peut également servir à désigner le nez : on sait bien depuis Cyrano de Bergerac qu’un « pif » proéminent peut être brandi comme un étendard.

Daron

Daron a d’abord désigné le patron, notamment le tenancier d’un cabaret. Aujourd’hui, les jeunes générations parlent du daron et de la daronne à propos de leurs parents. 

On suppose que ce mot est un croisement entre l’ancien français dam (« seigneur ») et baron.  

Affiche illustrée pour la tournée de Cyrano de Bergerac
Lucien Métivet, Affiche pour la tournée de Cyrano de Bergerac

© Gallica BnF

Pookie ou poucave

La mauvaise réputation de pookie n’est plus à faire, depuis qu’une chanson d’Aya Nakamura a popularisé le terme. Ce diminutif de poucave désigne un traître, une balance ou encore un mouchard (les noms d’oiseau ne manquent pas). 

Il semble que le terme vienne du romani – la langue des Roms – et qu’il se soit répandu d’abord dans la banlieue-est de Paris, avant de conquérir le monde francophone.

Flic ou keuf

Les poucaves se confient généralement aux flics. Ce terme apparaît au XIXe siècle et nous arrive sans doute d’Allemagne (de l’argot Flick « garçon » ou Fliege « mouche »). Victime de son succès, il s’est ensuite décliné en fliquerflicage voire flicaille, encore plus péjoratif. Aujourd’hui, il est presque normalisé et les grands médias qualifient souvent le ministre de l’Intérieur de « premier flic de France ». 

Par le truchement du verlan, flic est devenu keuf, apparu dans les années 1970. 

Affiche de mai 68 représentant un CRS devant un micro
"La police vous parle tous les soirs à 20h", affiche de mai 68

© Gallica BnF

Poisse, scoumoune et badloque

Au jeu du gendarme et du voleur, il vaut mieux ne pas être ce que les Québécois appellent un badloqué, quelqu’un qui n’a pas de chance (de l’anglais bad luck). 

En France, sous l’influence du corse ou de l’italien scomunica (« excommunier »), on dira qu’un tel personnage a la scoumoune. Ou bien qu’il a la poisse : cette expression pourrait venir du jargon cycliste, en référence au bitume visqueux (la poix) qui ralentit les coureurs. En Côte d’Ivoire, le poissard est plutôt appelé un poisseux.

Seum

Si le sort s’acharne, on peut finir par « avoir le seum ». Cette locution de plus en plus fréquemment entendue exprime un sentiment de dépit ou de rancœur. 

Le mot vient de l’arabe sèm, qui signifie « venin » et par extension « jalousie » ou « colère ». Mais le seum sert aussi à désigner le haschich, comme dans la chanson de Booba « Bad Boy Street ». 

À chaque époque et à chaque pays son argot.  

Illustration du cahier de musique "Les malchanceux"
"Les malchanceux", créée par Mévisto, poésie de Étienne Decrept, musique de Léopold Gangloff, 1893

© Gallica BnF

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L'aventure du français

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Vue de la salle consacrée aux langues régionales