« L’Amour à la folie » : Mariam, d'Amadou et Mariam, en concert à la Cité

« Chéri, je t'aime jusqu'à la mort ! »

Cette sentence fredonnée par Mariam prend d’autant plus son sens depuis le 4 avril 2025, date du décès de celui avec qui elle aura construit une vie : Amadou. « Avec toi chéri la vie est belle… C’est si bon la vie », assurait-elle encore sur « Sabali », une chanson écrite par ses soins, comme un appel à l’apaisement, à la patience, qui une fois passé dans les mains de Damon Albarn deviendra un hit.

Pour Mariam, la musique est avant tout synonyme de trait d’union entre tous. Une histoire de sérénité qui rime avec une affaire d’éternité.

Voilà pourquoi il n’était pas question que l’histoire s’arrête là.

Après l’annulation de son concert prévu en juin dernier qui devait célébrer le bicentenaire du braille, Mariam reprend la route et choisit la Cité pour remonter pour la première fois sur scène. Entourée de ses musiciens de toujours, Mariam distille ses mélodies envoûtantes à travers le monde. Une promesse d‘Amour à la Folie faite à Amadou Bagayoko pour que leur musique continue à résonner partout. Elle chante leurs succès planétaires comme « Sabali », « Je pense à toi », « Beaux Dimanche »… mais aussi des titres issus du nouvel album à paraître à l’automne, accompagné pour sa sortie par celle d’un documentaire sur Netflix. Son titre ? « L’Amour à la folie ». Tout un programme à découvrir sur scène.

Amadou et Mariam incarnent un de ces couples d’artistes dont l’histoire reste une perpétuelle source d’inspiration. Il s’agit d’une histoire d’amour qui a propulsé deux vétérans de l’industrie musicale du Mali, ayant commencé à enregistrer ensemble dans les années 70, en tête des charts du monde entier au 21^ème siècle. Longtemps surnommés « le couple aveugle du Mali », Amadou et Mariam promènent leurs notes chaleureuses depuis près de quarante ans.

Nés tous les deux à Bamako, Amadou en 1954, et Miriam, en 1958 ; ils sont atteints de cécité depuis leur jeunesse. C'est dans un institut pour mal voyants à Bamako qu’ils se rencontrent en 1975. Ils se marient en 1980 : le duo musical se forme pour ne plus jamais se lâcher. Leur passion commune pour la musique leur vient dès leur plus jeune âge puisque Mariam chantait dans des mariages lorsqu'elle avait 6 ans, tandis qu’Amadou s'essayait aux percussions, à l'harmonica et à la flûte avant d'adopter son instrument préféré : la guitare. Le duo émigre en Côte d'Ivoire en 1986, début d'une longue ascension où débutent les premières grandes tournées à travers l'Afrique. Amadou et Mariam enregistrent leur premier CD en France, en 1997, Sou ni tilé. Après un long début de carrière en Afrique, le duo s'est imposé sur la scène internationale en deux temps, d'abord avec la chanson Mon amour, ma chérie en 1998, puis en 2004 avec l'album Dimanche à Bamako produit par Manu Chao et récompensé par une Victoire de la musique, dans la catégorie musiques du monde. Leur seconde Victoire sacrera en 2012, leur album, Folia. Le couple malien enchaîne avec l’hymne officiel de la Coupe du Monde de foot en Allemagne suivie de celle d’Afrique du Sud en 2010. Entre les deux événements prestigieux, Amadou et Mariam collaborent avec Darmon Albarn qui produit leur sixième album, Welcome to Mali sur lequel on retrouve Sabali, l’un des grands hits de l’année 2008. Après quoi, ils font les premières parties de Coldplay aux Etats-Unis ou encore jouent devant Barack Obama à Oslo lors de la remise de son Prix Nobel de la paix. Ambassadeur de projets solidaires contre la faim dans le monde et détracteurs des régimes politiques corrompus, Amadou et Mariam dénoncent à travers leurs chansons l’injustice et l’hypocrisie, tout en rendant hommage aux plaisirs de la vie. Le tout sur des rythmes festifs et métissés mariant les sons traditionnels africains au blues, rock, funk anglo-saxon. En 2024, le couple fait son retour avec le titre Mogolou (les gens), un clip coloré qui met en avant des sonorités orientées vers l’Afrobeat. Un nouveau style qui ne les éloigne pas de leurs combats originels. En avril dernier, Amadou Bagayoko décède à Bamako, laissant Mariam seule porter sur scène leur notes et leur tubes devenus incontournables.